Monochrome.




Monochrome




I.                 La maison bleue.




Atlas.  

D’une outrageante lucidité
j’expire
la verticale du tragique
la nature abrégée et colossale
de naître au monde la chute.

Plus sérieuse de l’avenir
de son mâle incurable
j’ai fait la part des choses
il n’y a rien
de plus étrange ni de plus humain.

*


Equinoxe.

    à l’exact horizontale
    indifférence du nombre
    le ciel s’invente
    dans un bloc de granit
    sans poésie
    plus que de prétention
   
plus sérieuse de l’avenir

*


Oxford.

Gravir chaque lecture en y empruntant toutes les exigences et le grotesque dont se réclament la vie, l’artiste et l’homme.

Traverser de longues nuits, des gestes les plus sévères.
S’en réapproprier les crimes, la fiction, l’asile et les exploits.

Pieuvres ivres de prudence et de souplesse
Dévorant leurs proies et broyant l’éternel
Et dans l’ombre sculptée par le silence
Feindre d’en retenir l’indigène
Ou la civilisation.

Commander aux astres
De nouvelles révolutions
Et revenir sur terre en ressusciter la quadrature et l’héroïsme
Imitant l’airain de sa propre équation.

Soutenir l’hiver disproportionné du moindre tremblement
L’abrupt idéal de son squelette.

*


New-Jersey.

Sauf de tomber que le ciel s’écroule, que l’horizon s’effondre, que le vide déborde et que les ombres recouvrent - le silence pourpre de nos baisers, silence dompté par la science et la pourpre de l’inquiétude - faillir l’urgence, l’irréductible nudité et résister l’équilibre - la mécanique et le trapèze.

*


La maison bleue.


Sauf de tomber faillir
l’urgente nudité
la mécanique et le trapèze.

Faillir l’urgence
l’irréductible nudité
et résister l’équilibre
l’exacte science.

Sauf de tomber
résister l’équilibre
l’urgente mécanique

la pourpre de son silence
le mal d’aurore
la science exacte
l’irréductible nudité.




II.             Treize.

1.
1.   Le génie est ce qu’il y a de plus humain.
2.   Le génie est détachement.
3.   C’est tout le je de la création.


2.
1.   Possibilité funiculaire de la poésie.
2.   L’art se résume à tromper l’indifférence de la création.
3.   Une chute dans le vide mérite bien quelques acrobaties.


3.
1.   J’aurai pu refaire ma vie, je crois maintenant l’avoir gâché.
2.   Ma vie avant était un désastre, c’est maintenant un enfer.
3.   Je ne suis pas génial, je suis méticuleux.


4.
1.   Par les temps qui courent, je cours.
2.   Je suis mon propre nègre.
3.   Je n’ai pas plus de goût que de tact.


5.
1.   Parce que j’en ai précisément les maux.




III.          



1.

Précision du zodiaque.
Marchand de sable.
Et jeu de paume.



2.

Si le vent souffle, je souffle, si le ciel brille, je brille, si le soleil brule, je brule.
Et
(Croyez-moi.)
Tout ça n’est rien.
Que de la poésie.



3.

Mécanique du cadre
Abdominal de la pensée
Habitudes cathédrales
Mors de l’idée



4.


Alambic tentaculaire.
Souffle et coagulation.
Du tragique de la mise en scène,
exaspération et bavardage.
Mise en abime.
Participe du génie.



5.

Mêler l’ivresse de ses rires étourdis aux sérieux des ombres
grossières.
Les nuits sont longues
les heures sont comptées.
De la soustraction des langues n’en retenir que le chant.
Ou déduire ce qu’il y a de plus humain du génie de la langue.
Le génie articulé
Participe de la création.



6.

Attitude carcérale
Parenthèse du caïman
Fascination des horizons
Hexagonal de son projet



7.


Hôtelier du désir Aveux du détail Calque des impénétrables
Ammonite des cadres L’imperturbable physique.

La contradiction plastique L’incorrigible nudité La rigidité nocturne La ruse du coléoptère Les gestes chronométrés.

Orphelin du zodiaque A rebours d’asphodèle Lourd de mathématique Carré des boréales Cervicales du paysage.



8.

Du retard pris sur son propre accident
Deviner derrière l’insulte et la trahison
La représentation panique d’autrui
Et l’élasticité de ses propres désirs.



9.

Retrancher de l’éternel l’équilibre des astres
Imaginer l’horreur condamnée au silence
faillir la nudité de ses propres épreuves



10.

souffrir la nudité de ses propres épreuves
l’éternel équilibre des astres
cette nudité condamnée au silence
l’inquiétant sursis des ombres



11.


Retrancher l’astre de l’irréductible
l’ordre de l’irréductible

User des nombres
initier l’éternel

Sans faillir l’éternel
à l’égal nudité

Sans faillir l’éternel
à l’égard des ombres

Retrancher les ombres
de la faillite des nombres.



12.


c’est une ombre à midi
les gestes chronométrés
ce sont les ombres la nuit
les gestes synchronisés



13.

Sexe géant de ses vaines étendues
L’astre en équilibre

D’une égale spontanéité la science
Et non l’issue

Squelette d’un parfait ennui
Le carré.



14.

Structure supersonique
Les ombres écrasantes

Etude des éphémères
L’éternelle récréation

Superbe d’élégance
Les crocs



15.

Une bibliothèque remplie de bouteilles
Des livres et des livres de conserves
Et trois mois encore à voir partir en fumée.
Trois mois et quatre murs.



16.

quelque exact que soit l’obsession des formes
n’en plus éprouver la solitude telle une insomnie
l’étouffante mécanique ni la ruminante flexibilité



17.


J’ai un ego à ma démesure
Je préfère l’anonymat à l’éternité
L’éternité me rattrapera

Je suis le mâle
Inextricable
Le préambule une indiscrétion

Je suis
Je suis
Une super star.



18.

Déjà bouffer par les vers
Et par un mécanisme d’abcès
En étrangler les cadres
Et en prolonger l’apnée.



19.

Irrésistible de poésie
Chaque maux à son envers
Chaque heur à son émoi
Sans plus
de logique que d’esthétisme.



20.

Astérie du mécanisme.             la controverse de la chair.
Tropique du céphalopode.        l’infini du nombre.
Le ridicule plaisant.                  le trombone et la calvitie.

Céphalopode du mécanisme.    le tropique du nombre.
La controverse infinie.              la solitude de son mal.
L’infini controversé.                  un mal si détaillé.

Imperturbable de physique.      résister l’équilibre.
L’impératif mathématique.       l’impeccable trapèze.
L’abrupt et le danger.                la poésie et la nécessité.





IV.          2nd épreuve.



Le reflet de nos origines
Au travers de nos illusions
Comme un refrain

(Emilie, 1980.)




1.

Persuadé de poésie
La langue est assez d’une contrainte
La combinaison
A la fois de son désespoir et de son intégrité.
                     
L’art participe
De la plus stricte sincérité des éléments
De sa plus stricte intimité.

*

La création est tout ce qu’il y a de plus urgent et de plus naturel.
Tout ce qu’il y a d’humain et de possible.
Tout ce qu’il y a de plus insensé, d’incontournable
et de cruauté
Les larmes, la sueur et le sang.

*

Parce que capable de tout nous sommes aussi capable du pire.


2.

C’est l’ennui détaillé. L’insomnie douloureuse.
Dans ce qu’il y a de plus brouillon et emporté
ce qu’il y a de plus naïf et évident.
Ce qui n’est rien de délicat ni de raisonnable.
Le calcul précis.

Où ce ne sont que ruines et mauvaises herbes, les ombres écrasantes, les précipices décuplés.


3.

De ces longs extraits d’asphalte, de ce mâle impeccable et de  la faim de sa propre servitude
Nous n’en sortirons pas intactes mais complices.
Incorrigibles de poésie.
Sévère de son progrès.




V.             Monochrome.



Débarrassé de son retard
un quelconque miracle semble superflu
et courir aussi

inutile

que de ne rien faire

de la cruauté des astres
de l’ordre impeccable de leur réunions

de la plus grande mollesse
avec la quelle de nouvelles lunes
suspendues
se décrochent
et
cetera.



Anabel Zahorwski.




« Je voulais simplement écrire un poème sur l'été indien, je n'aurais jamais dû ouvrir ma fenêtre. »
(Jonas Gunzoni, 1977.)

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